- pâteux
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• pasteux XIIIe; de pâte1 ♦ Qui a une consistance semblable à celle de la pâte (intermédiaire entre solide et liquide). Consistance pâteuse. Matière, métal à l'état pâteux. Sauce pâteuse.♢ Fig. Style pâteux, lourd et embarrassé.2 ♦ Loc. Avoir la bouche, la langue pâteuse : prononcer, articuler avec difficulté (comme si la bouche était empâtée). Avoir la bouche pâteuse après avoir trop bu (cf. Avoir la gueule de bois).Synonymes :Se dit d'un style lourd et embarrassé.Synonymes :- confus- diffus- filandreux (familier)- pesantAvoir la bouche, la langue pâteuseSynonymes :- chargé- empâtépâteux, euseadj.d1./d Qui a la consistance de la pâte. Substance pâteuse.|| Trop épais, en parlant d'un liquide. Encre pâteuse.d2./d Loc. Avoir la bouche, la langue pâteuse, emplie, chargée d'une salive épaisse qui en altère la sensibilité.⇒PÂTEUX, -EUSE, adj.A. —1. Qui a la consistance molle et collante de la pâte, intermédiaire entre le solide et le liquide. Glaise, masse, matière pâteuse; magma pâteux; métal à l'état pâteux. Tant que le bleu de Prusse est pâteux et humide, il conserve toujours une nuance pure (Manuel du fabricant de couleurs, t.1, 1884, p.284). Des sucres d'orge, des pastilles, ces bonbons multicolores qui s'agglutinent dans les bocaux en conglomérats pâteux (THARAUD, Relève, 1919, p.32).♦Terre pâteuse. Terre grasse, molle, détrempée. Quand la terre pâteuse vous met aux pieds des raquettes d'Indiens, quand les jambes sont cuirassées de boue (MONTHERL., Olymp., 1924, p.378).— En partic.a) [En parlant d'un aliment] Qui empâte la bouche; qui a une consistance de pâte. Bonbon pâteux. Pain pâteux. Pain pas assez cuit ou pas assez levé. (Dict.XIXe et XXes.). Fruit pâteux. Fruit farineux, pas assez juteux, ni fondant (Dict.XIXe et XXes.). Synon. cotonneux; anton. fondant.b) [En parlant d'un liquide] Qui manque de fluidité; qui contient un dépôt. Synon. boueux, épais, visqueux; anton. clair, fluide. Encre pâteuse; sirop pâteux. Le grand coq rouge, debout, chancelant, un sang pâteux gouttant du bec ouvert (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.123).2. Loc. Avoir la bouche, la langue pâteuse. Avoir une salive épaisse qui prive la langue de sa sensibilité habituelle. Philippe ne s'éveilla qu'à sept heures, la bouche pâteuse, la figure enflée (BALZAC, Rabouill., 1842, p.327):• ♦ Le désespoir de Coupeau se mêlait à un violent mal aux cheveux. Il se passait les doigts dans les crins, il avait la bouche pâteuse des lendemains de culotte, encore un peu allumé malgré ses dix heures de sommeil.ZOLA, Assommoir, 1877, p.655.— P. anal. [En parlant de l'élocution] Qui manque de netteté, de sonorité. Parole pâteuse. À Plassans, on lui trouvait la voix pâteuse, les gestes lourds (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.62). Il commença par lui tirer les oreilles, en lui faisant, d'une langue pâteuse et bredouillante, un sermon sur le respect que l'enfant doit à son père (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p.45). Soudain on entendit la voix de Poloche qui montait, pâteuse et bredouillante. Naturellement, il était encore plus gris que de coutume (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.138).3. Spécialement— PEINT. Gras et moelleux; abondant en couleurs. Touche pâteuse; chairs pâteuses (Ac. 1935). Pinceaux pâteux (Ac. 1878-1935). Sa touche large, pâteuse et manétiste [semblable à celle de Manet], ne s'accorde pas avec les lignes belles et sévèrement exigeantes qu'il a employées (PÉLADAN, Salon, 1888, p.40).— MÉTALL. Fusion pâteuse. Fusion au cours de laquelle un corps ne passe pas directement de l'état solide à l'état liquide. Une argile, (...) le verre en fusion pâteuse ont une plasticité assez semblable (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1844, p.250).— JOAILL. [En parlant d'une pierre fine ou précieuse] Qui est trouble, qui manque de transparence. Diamant pâteux; oeil pâteux d'une agathe. (Dict.XIXes., Lar. Lang. fr.).B. —Au fig., péj. [En parlant d'une production de l'esprit, discours, écrit, ouvrage] Lourd et maladroit, mou et sans netteté, embrouillé. Style pâteux. La partie théorique, par quoi s'ouvre le livre, est pâteuse, pesante, mal dégrossie, sans presque aucun rapport avec le récit qui la suit (GIDE, Journal, 1922, p.742). Ne me juge pas là-dessus. D'abord la forme est détestable! C'est boursouflé, pâteux, chargé de bavardages! (MARTIN DU G., Thib., Belle saison, 1923, p.949). Tout ceci ressemble à une pâteuse explication de vote (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p.314).Prononc. et Orth.:[
], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: pasteux; dep. 1740: pâteux. Étymol. et Hist.1. XIIIe s. «qui a les caractères de la pâte; mou, flasque» (Hist. de Joseph, B.N. 2455, f° 235 r° ds GDF. Compl.); 2. 1562 langue pasteuse «chargée de mucosités» (DU PINET, Pline, XXIII, 1, ibid.); p.ext. 1871 voix pâteuse (ZOLA, Fortune Rougon, p.62); 3. 1798 «trop épais d'un liquide» (Ac.); 4. id. terme de joaill. avoir un oeil pâteux (ibid.); 5. fig. 1801 style pâteux (RIVAROL, 232 ds GOHIN). Dér. de pâte; suff. -eux. Fréq. abs. littér.:125.
DÉR. Pâteusement, adv. a) Rare. D'une manière pâteuse; comme de la pâte. Au lieu de la boue jaune qui coulait pâteusement d'un bout à l'autre des boyaux, c'est de l'eau de glacier limpide et vivante, qui cascade et jase (GENEVOIX, Éparges, 1923, p.36). b) Au fig. D'une manière gauche, embarrassée. La Vie de Buffon par Condorcet. - Pâteusement écrite, avec abus de mots vagues, abstraits, sans couleur (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p.67). Les deux premiers chapitres sont encore pâteusement informes par endroits (GIDE, Journal, 1907, p.255). — []. — 1re attest. 1836 «d'une manière lourde et embarrassée» (BARB. D'AUREV., loc. cit.); de pâteux, suff. -ment2.
BBG. —QUEM. DDL t.16.pâteux, euse [pɑtø, øz] adj.ÉTYM. XIIIe, pasteux; de pâte.❖1 Qui a une consistance semblable à celle de la pâte (intermédiaire entre celle d'un solide et celle d'un liquide). ⇒ Mollasse (fam.), mou. || Masse pâteuse. ⇒ Magma. || Glaise pâteuse. — Pain pâteux, mal levé ou insuffisamment cuit. — Consistance pâteuse (→ Fèces, cit.). || Matière, métal à l'état pâteux (→ 1. Fonte, cit. 3).1 Hier matin, reçu (…) un Allemand rondouillard qui veut fonder une nouvelle revue pour lutter en faveur des tendances modernes (…) Sympathique, mais encore à l'état pâteux; comme tous les Allemands.Gide, Journal, 23 févr. 1912.♦ (Liquide). Qui manque de fluidité, qui contient des matières en suspension. ⇒ Épais. || Encre pâteuse (⇒ Boueux).♦ (1842). Peint. || Touche pâteuse, abondante en couleurs. — (1752). || Chairs pâteuses, peintes d'une manière large et moelleuse.♦ Fig., péj. || Style pâteux, lourd, sans élégance (→ Boursoufler, cit. 3).2 ☑ Loc. cour. Avoir la bouche, la langue pâteuse : avoir dans la bouche ou sur la langue une salive épaisse qui émousse la sensibilité, empêche de prononcer nettement les mots (⇒ Empâter). || Avoir la bouche pâteuse après avoir trop bu (→ Avoir la gueule de bois).1.1 Ils se réveillèrent, clignotant de la paupière et la gueule pâteuse.R. Queneau, le Chiendent, p. 417.♦ Par ext. || Voix pâteuse, qui manque de netteté, dont le timbre est mou, assourdi. ⇒ Gras.1.2 (…) il imitait très bien avec le nez la voix pâteuse de l'empereur.Zola, le Ventre de Paris, p. 132.♦ Avoir la parole pâteuse, embarrassée.2 Le désespoir de Coupeau se mêlait à un violent mal aux cheveux. Il se passait les doigts dans les crins, il avait la bouche pâteuse des lendemains de culotte, encore un peu allumé malgré ses dix heures de sommeil.Zola, l'Assommoir, t. II, IX, p. 83.❖DÉR. Pâteusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.